Difficile de passer à côté de l’info tant j’en parle et n’ai pas fini d’en parler. J’ai terminé la fanfiction Harry Potter « A la Moldue » sur laquelle je travaillais depuis plus de 6 ans, et il est temps de revenir sur cette expérience pour livrer une série d’articles-témoignages de cette grande aventure qu’est écrire un livre.
Nous commencerons ce premier opus par la base : la naissance d’une histoire et de son concept.
A la Moldue est une fanfiction Harry Potter, ce qui veut dire que c’est une histoire qui prend place dans l’univers du monde crée par J.K.Rowling. Mais au lieu de raconter la suite des aventures des héros, ou de piocher dans le passé encore non écrit, ALM a deux particularités (très courant au demeurant chez les fanfictions) : elle prend place en plein milieu de la saga de livres, changeant ainsi la trame d’origine, et n’hésite pas à déplacer l’histoire dans une autre époque.
La fanfiction a l’énorme avantage de n’avoir aucune limite, aucun interdit. Il s’agit bien souvent d’une exploration, d’un emprunt, d’un jeu de paymobiles avec les personnages et la cosmologie de quelqu’un d’autre. La fanfiction permet de se sentir sécurisé et de se concentrer sur l’essentiel : la trame, les dialogues et les émotions.
Rien n’empêche de créer de nouveaux personnages si on le souhaite, de changer des éléments canon de l’histoire, ou de changer l’histoire.
En fait, écrire de la fanfiction, c’est explorer le champ des possibles de la narration. C’est faire un travail de conception narrative plus poussé qu’on ne pourrait le croire. Et, je l’ai dit il y a peu dans un article, c’est en somme le même travail que peut faire un storyteller pour une marque.
Chez moi, les histoires naissent d’un détail. Ça peut être un concept, une scène, un personnage.
Pour ALM, l’idée est venue d’une scène précise, qui existe d’ailleurs dans mon histoire : celle où Jane Smith, le personnage-vaisseau du récit, donne un cours à une classe entière de petits sorciers.
C’est un jour, en laissant mon esprit vagabonder sur cette rencontre entre deux mondes, je me suis retrouvée à creuser cette question : qu’était le monde d’Harry Potter ? qu’était notre monde ? Nous étions en 2013 la première fois que j’eu l’idée de cette histoire qui se devait d’être courte et amusante. Et il faudra attendre février 2014 pour que je commence à en écrire les premières lignes. Entre temps, j’ai creusé le concept et rapidement certaines idées politiques sont nées. Petit à petit, l’histoire devenait une critique anticipative de notre propre société.
ALM allait être une sorte d’uchronie humoristique qui utiliserait la découverte de mon personnage inventé (Jane Smith) comme exploration de cet univers… et miroir critique de certains travers de notre monde, ou certaines craintes à venir.
Le Storytelling et l’écriture partagent un même principe : celui de construire un récit autour d’un thème central.
C’est ce thème qui déterminera beaucoup d’enjeux et d’arcs narratifs, de tensions et d’émotions à transmettre.
Pour A la Moldue, il était question de changement. L’histoire était celle d’une société au bord du collapse sociétal, économique et politique. Et le thème principal était la peur du changement.
Je voulais interroger, au travers d’Harry Potter, la peur des rencontres culturelles, des frictions et changements opérés dans la société, et des conflits qui pouvaient en naître. Je voulais travailler la peur de la fin d’un monde, la peur des extrémismes, la peur de la fin des libertés.
Chez moi, toujours, le ton et le genre de l’histoire sont des éléments qui sont déterminés en amont.
Parce que je voulais aborder des thématiques difficiles et actuelles, j’ai délibérément opté pour une comédie dramatique et romantique. Le sérieux politique d’ALM devait être allégé par une ambiance globalement amusante et détachée, la même que celle qu’on retrouve de nos jours quand on regarde le mode de fonctionnement des gens.
Peu importe la gravité de la situation politique et sociétale dans laquelle on est, nous aurons toujours plus à cœur de nous retrouver entre amis boire des bières et rire comme s’il n’y avait aucun rhinocéros dans la pièce. ALM a une structure narrative qui oscille beaucoup entre la comédie et le drame (j’y reviendrai). Les personnages souffrent et prennent autant de plaisir, parfois même à quelques lignes d’intervalles.
La comédie, qui est pour moi un genre parfait pour parler des choses les plus sérieuses, était tout indiquée.
Quant à l’aspect romantique d’A la Moldue, il était impossible de parler de société, de relation hommes/femmes, Sorciers-Moldues, et de changement sans utiliser ce levier-là. À la fois, car je suis une incorrigible romantique, mais aussi parce que je trouve que c’est un des moteurs les plus puissants de nos existences.
Quand j’écris une histoire, que cela soit une nouvelle ou un roman, je commence pratiquement toujours d’un post-it. D’un concept.
À partir de là, je vais commencer à élaborer des personnages et des enjeux pour eux. Car oui, je commence généralement par les personnages, même si j’ai les prémices de la trame, car ce sont eux qui portent l’histoire par leurs actions, interactions et dialogues.
Voir l’article sur la création des personnages originaux dans ALM.